“J'Ai Dû Me Batte Contre Les Hommes”

Après une succession de triomphes et de désastres, la reine de la chanson américaine est remontée sur scène pour la tournée de la résurrection à Tunis. Juste avant, elle recevait les reporters de Ciné-Télé-Revue dans son luxueux appartement de Manhattan. Un vrai palais. Exclusif.

Ciné-Télé-Revue (BE) August 6, 2006.

Il y a quelques jours, les 22 et 24 juillet, Mariah Carey était à Tunis, non pas pour parfaire son bronzage, mais pour renouer avec une sensation qui lui était inconnue depuis trois ans: l'ivresse du public. La diva a, en effet, donné deux concerts exceptionnels au stade olympique El Menzah, où ses tenues minimalistes ont été source de vertiges pour ses nombreux fans. Il y avait là beaucoup de Français, d'Italiens, quelques Beiges aussi, car The adventures of Mimi: the voice, the hits, the tour ne passera pas par l'Europe. Rodée en Afrique, la tournée s'arrête désormais dans les plus grandes villes d'Amérique du Nord et se terminera par cinq dates au Japon, en octobre. Les portes de son immense triplex de Tribeca, le quartier des artistes de Manhattan, à New York, resteront fermées jusque-là, sauf le 23 août. Tout simplement parce que, ce soir-là, entre un show à Boston et un autre à Uncasville, dans le Connecticut, “the biggest selling female in the world” (“celle qui vend le plus au monde”) se produira à deux pas de chez elle, au Madison Square Garden. Mariah retrouvera alors avec bonheur les trois étages de son home sweet home, qui, sur 335 m², déclinent salon, cuisines (elles sont deux), chambres, salles de bains, salle de sport et des penderies à l'envi. Mariah possède une impressionnante “collection” de vêtements et de chaussures. Tout cela se compte par centaines. Les nuisettes ont également sa préférence. Il se chuchote que c'est ce qu'elle porte lorsqu'elle se retrouve seule chez elle. Et ça arrive, car si, en promo, elle ne se déplace pas sans les vingt-quatre personnes qui lui sont aussi nécessaires que l'air qu'elle respire, en privé, la chanteuse aux huit octaves apprécie le silence. Sauf quand elle reçoit des invités et dévoile les pièces magiques de son véritable palais. Suivez le guide…

Ce qui surprend le plus chez Mariah, ce sont les canapés, disposés dans les endroits les plus incongrus. Dans la salle de bains, par exemple, à côté de la baignoire, où elle aime s'allonger pour regarder la télé sur un grand écran encastré dans le mur. Ou encore dans la cuisine: elle adore se restaurer alanguie dans un grand fauteuil.

Autre détail amusant dans cette pièce: sous un plan de travail, il y a des espaces réservés pour les lits de ses chiens! Des bébêtes adorées qu'il ne faut surtout pas critiquer en présence de leur “maman.” Cela dit, c'est dans son salon de beauté personnel que Mariah passe le plus de temps quand elle est chez elle. Ah! se pomponner, quel régal! Vous voulez partager un secret? Si la jeune femme s'est lancée dans le régime “je ne mange que des aliments de couleur pourpre,” ce n'est pas pour lutter contre un surpoids éventuel (elle a, depuis belle lurette, retrouvé son corps de sirène), mais contre les rides! Son nutritionniste l'a en effet convaincue que les prunes, le raisin, les aubergines, etc. sont bien plus efficaces qu'un lifting ou que le Botox pour faire reculer les ravages du temps qui passe. Elle y croit.

Zappons vite la salle de sport: cette chère Mariah ne sait pas trop comment utiliser tous ces appareils de musculation. Dommage, car la vue sur Big Apple y est imprenable. Elle se rattrape dans la salle de détente, une pièce de style marocain, dont les grandes baies vitrées vous plongent au cœur de Manhattan. Et dans les souvenirs d'enfance de la star. Quand, depuis Long Island, où elle est née le 27 mars 1970, elle fantasmait sur la “skyline,” dont l'orgueil était les tours du World Trade Center… “Enfant pauvre et métisse, je rêvais d'habiter un jour l'un des quartiers les plus chics de cette ville.”

Certes, son triplex de Tribeca n'a rien à voir avec le palais de soixante pièces qu'elle occupait à Bedford, du temps de son mariage avec le tout-puissant Tommy Mottola. Mais elle ne regrette rien: “Au moins ici, quand je fais une descente dans le frigo au milieu de la nuit, je n'ai pas l'impression qu'il y a un homme des bois en train de m'espionner derrière chaque fenêtre. Vivre en pleine campagne est parfois assez angoissant.”

Ça, c'est vraiment pour l'anecdote, car, à l'époque, le mal-être de Mariah allait bien au-delà d'une frayeur d'enfant à la nuit tombée. Tommy Mottola, le Pdg de Sony Music, qu'elle a épousé en 1993, a tout fait pour sa carrière, il l'a façonnée et portée au succès, mais, à ses côtés, la jeune femme a perdu son identité. “Tommy a fait de moi ce qu'il voulait parce que j'étais jeune. Il contrôlait le moindre détail de ma vie, il ne me laissait aucune liberté,” confie-t-elle. “Ce n'était pas une relation saine. Il passait sa vie à me mettre la pression. Je n'ai jamais eu d'aventures extraconjugales. Je ne suis pas du genre à faire l'amour avec un homme en vitesse pour tromper mon mari. Tommy, lui, me soupçonnait en permanence. Alors, il m'enfermait.”

En 1998, Mariah ouvre la porte de sa prison dorée et ne revient plus. Elle a 28 ans, un mariage qui ne va plus et des souvenirs d'enfance plutôt rudes, qui, d'une façon comme d'une autre, l'ont amenée à devoir se battre. “J'ai du batailler pour exister entre mon père qui était noir et ma mère qui était blanche. Nous vivions dans deux communautés. Personne ne m'a appris ce que le mot ‘racisme’ signifiait. Mais j'ai eu de multiples fois l'occasion de le comprendre toute seule. Mes parents ont divorcé quand avais 3 ans. Lorsque je venais avec des amies chez mon père, je ne précisais pas qu'il était noir. Pour moi, ce n'était pas un problème. Mais quand il ouvrait la porte, mes copines avaient toujours un air de dégoût, quand elles ne pleuraient pas. Un enfant n'oublie pas ce genre de réactions. Je suis partie de chez moi à 16 ans. Mais, même adulte, je n'ai pas rigolé. J'ai également dû me battre contre les hommes.”

En quittant Tommy Mottola, Mariah croit avoir recouvré la liberté. Grossière erreur. Pour prouver qu'elle est capable de rebondir seule, elle pousse ses limites assez loin. Trop loin. Le 25 juillet 2001, elle craque et est internée dans une unité psychiatrique d'un hôpital new-yorkais. Officiellement, pour se reposer. Officieusement, on raconte qu'elle s'est tailladé les veines. Sa rupture d'avec le crooner mexicain Luis Miguel et l'échec de son album Glitter et du film du même nom l'on détruite. Un échec qu'elle analyse aujourd'hui avec philosophie:

“L'histoire m'a prouvé qu'il faut savoir prendre du recul, être sereine et ne pas s'investir dans n'importe quo Je ne peux pas tout réussir. Alors qu'on la disait finie, ringarde, has been, la diva est effectivement revenue sur le devant de la scène avec The emancipation of Mimi, qui a été le disque le plus diffusé sur les radios américaines en 2005 et le plus récompensé aux Grammy Awards 2006.

Après une traversée du désert que l'on a peine à imaginer aujourd'hui, la star a retrouvé le feu sacré. Une santé de fer qui s'exprime aussi à travers de multiples relations amoureuses, dont la plus récente avec Mark Sudack, l'un des managers de son nouveau label, Island Def Jam. “Je me méfie des hommes, car beaucoup d'entre eux me draguent juste pour être avec une célébrité,” dit-elle. “J'ai un gros problème de confiance avec les mecs.” Seul celui qui saura l'apprivoiser aura les honneurs de sa chambre à coucher. En attendant, elle préfère la garder pour elle…