Ce n'était pas une blague. Invitée à Star Academy, la diva internationale Mariah (prononcer “Meurailleah”) Carey a craqué pour Georges Alain, et lui a promis de coécrire et d'enregistrer une chanson avec lui. Elle est comme ça, Meurailleah. Nature, sympa, spontanée… Le sourire fragile, mais aussi large que beau. Le décolleté débordant de rondeurs rassurantes. La minijupe ras-la-cuisse franchement démocratique… Même si un pro des lumières la précède partout où elle donne des interviews pour s'assurer que son visage soit éclairé au mieux. Elle pose façon grande fille (1,70 m) toute simple, ravie de faire plaisir. Preuve de sa courtoisie : la mégastar aux 150 millions de disques vendus “adorrire” mes escarpins genre Marni à bout rond de chez… André. Elle s'enquiert de la marque. Je brouille les pistes. Elle, elle porte des boots Manolo Blahnik insensés, dont ont avait arrêté la fabrication… mais qu'on a remanufacturés juste pour elle. Il lui fallait bien ça après l' “annus terribilis” qu'elle vient de passer. Car avec ce nouvel album, Charmbracelet, bourré de ballades célestes dont elle a le secret, Mariah revient de loin : d'une dépression, de séjours à l'hôpital, d'une cure de désintoxication, d'une bagarre à coups de salière avec l'actrice Mira Sorvino, d'un strip-tease à la télé, d'une rupture amoureuse, d'un échec cinématographique et d'un licenciement de son ancienne maison de disques. Voire d'une tentative de suicide en se tranchant les veines? Hystérique juste ce qu'il faut, elle se lève drôlement et me fait toucher ses poignets: “Vous voyez? Il n'y a rien. Je suis très spirituelle, j'ai une relation très proche avec Dieu, et le suicide, ce n'est pas du tout moi.” La drogue, alors?
“Ma sœur a des problèmes avec ça, et j'ai trop vu les effets dévastateurs que la drogue avait sur elle pour m'y adonner.” Un petit combat de boxe avec Mira, tout de même? “Oui, on s'est disputées. C'est une actrice qui a des opinions très fortes. Mais la salière, c'est idiot.” Le strip-tease? Elle se lève en rigolant pour mimer la scène. “J'ai juste descendu ma jupe pour montrer mon short, c'est une émission où les invités font des trucs stupides!” Il y a bien eu une dépression, Meurailleah, on ne rêve pas, pleaaaaaase? Elle reprend son sérieux. “Je dirais: effondrement physique et moral. Je suis allée chez ma mère et je me suis évanouie, boum, sur le plancher. Elle ne m'avait jamais vue comme ça. D'habitude, les rôles familiaux sont inversés, c'est moi la mère, celle qui est forte, qui achète les cadeaux. Elle a appelé l'ambulance pour me conduire à l'hôpital. J'en suis ravie, car tout le monde a vu que, finalement, ('étais un être humain.”
Qui avait des doutes là-dessus, Mariah? “Mon nouvel entourage, car j'ai changé de maison de disques après avoir quitté mon ex-mari, Tommy Mottola, pdg de Sony (mon Dieu, je n'arrive même pas à croire que j'ai épousé ce type-là!). Pour promouvoir la b.o. de mon film, Glitter, ils m'ont fait faire dix interviews par jour, sans pause repas, dans trois pays différents. Un jour, j'ai dit non. Ils m'ont regardée comme si j'étais une sous-femme.” Mais pourquoi se tuait elle à la tâche, Meurailleah? “Parce que mon père, que j'ai perdu l'année dernière, était noir, ma mère blanche, et que la famille de ma mère m'a rejetée. Il fallait que j'en fasse dix fois plus que les autres. » Et, aujourd'hui, estelle plus heureuse? “Je prends soin de moi, je dors, je mange.” Amoureuse? Une larme perle au bout des cils. “Je ne sais pas si je l'ai jamais été. C'étaient des tocades. Vous êtes amoureuse, vous?” Touchante Mariah!
De mes chaussures André, pour commencer.