“My Saving Grace,” une des album, évoque une personne qui vous a sauvée. Qui est-ce?
Il s'agit d'un gospel et je fais référence à Dieu. Jai grandi dans un environnement familial chaotique, j'ai été stigmatisée en raison de mes origines métissées. Mais au cœur de mes années les plus difficiles, ma grand-tante, pasteur pentecôtiste qui était aussi guérisseuse, m'a prédit que j'obtiendrais tout ce je désirerais dans la vie. Cette tante est décédée le jour de mon anniversaire, l'an dernier, et mon père, qui était très religieux, est mort cette année. Je me sens liée à cette lignée spirituelle et je ne crois pas au hasard.
En juillet dernier, vous avez craqué et vous êtes entrée en clinique de repos. Que s'est-il passé?
Je me suis écroulée de fatigue, prise dans la spirale de promotion que j'assurais pour l'album Glitter et le film qui allait suivre. Je venais d'accepter le plus gros chèque jamais reçu par une chanteuse pour un contrat de trois albums avec Virgin et je ne me donnais pas le droit de décevoir la maison de disques. Depuis mes débuts chez Sony, j'avais l'habitude de produire un album par an. Le travail ne m'avait jamais fait peur, mais j'étais soutenue, entourée. Pas cette fois. Je venais de perdre ma coiffeuse et amie, mon assistante était partie au Brésil, je me sentais perdue. A Paris, je souffrais d'une angine, j'enchaînais quand même les interviews sans manger ni boire, alors que je suis sujette à l'hypoglycémie et insomniaque. Traitée comme une célébrité, je m'étais oubliée. Même avec 40° de fièvre, je tenais bon. Mon âpreté au travail m'a maintenue à flot psychologiquement. Elle m'a aussi épuisée.
C'est votre mère, Patricia, qui a appelé les secours. Vos proches étaient-ils incapables de vous aider?
Mon erreur a été de me tourner vers ma mère, justement. Je n'avais pas fermé l'œil de cinq nuits quand je me suis réfugiée chez elle. Habituellement, j'arrive les bras chargés de cadeaux. Là j'étais fatiguée, frustrée, furieuse… Elle a un tempérament dramatique et elle a paniqué parce que, de nous deux, c'est toujours moi qui ai joué le rôle de la mère: quand mon père a quitté la maison, c'était moi qui la rassurais et la consolais quand elle n'allait pas bien.
Et les rumeurs de tentative de suicide?
Moi, l'interprète de “Hero,” qui parle d'espoir et de courage, comment pourrais-je jamais attenter à mes jours ? Une assiette est tombée par terre, je l'ai ramassée et je me suis coupée, pas taillé les veines! Quand ma mère m'a trouvée dans la cuisine, elle a appelé le SAMU sans réfléchir. Me prendre dans ses bras et m'emmener au lit pour me calmer aurait suffi. Une fois à l'hôpital, un psy m'a rassurée sur mon état : une personne en dépression n'a pas le réflexe de faire le ménage comme moi je l'ai eu.
Comment avez-vous réagi face à l'attention dont vous avez été l'objet?
A ma sortie, j'étais poursuivie par les photographes, de Santa Barbara à Puerto Rico. J'ai laissé les rumeurs les plus folles se taire d'elles-mêmes. Je me suis intéressée aux problèmes des autres. Je suis allée visiter Ground Zero, j'ai chanté pour l'hommage aux héros du 11 septembre, jai fini Wise Girls, avec Mira Sorvino, un film qui vient de sortir aux États-Unis. La chanson, comme tou-jours, a été ma thérapie. Composer, chanter, écrire participent de mon énergie vitale. T'avais commencé à travailler dès l'automne 2001 sur mon nouvel album, Charmbracelet. Je l'ai financé en créant ma propre société, MonarC.
Travailler avec Def Jam, un label de rap et R'n'B, est-ce une façon de proclamer vos origines afro-américaines?
Bien sûr. On a du mal à imaginer, avec ma blondeur, que je suis d'origine noire. Mon arrière-arrière-grand-mère paternelle était une esclave, ma mère, très blanche, est irlandaise du Middle West. Après en avoir souffert, je suis fière de ce mélange.
Depuis votre ascension dans les années 90, des jeunes chanteuses comme Jennifer Lopez, Britney Spears, Christina Aguilera sont arrivées sur le devant de la scène…
Jennifer Lopez est de ma génération mais je ne me sens pas en compétition avec elle. Britney et Christina s'inspirent plutôt, par leur look et leur style de paroles, de Madonna. Je n'ai pas connu leur parcours. Ma mère n'est pas mon manager je n'ai pas grandi à la télévision, au Disney Club, comme elles. Je n'avais pas le look, avec mes cheveux afro. Vous auriez dû me voir, lors de mes débuts sur un plateau, chanter “Vision of Love,” à 17 ans, timide, obsédée par la justesse de ma voix. J'étais aussi un auteur qui défendait sa chanson. En cela, j'étais déjà différente de Céline, Jennifer, Britney…
Et vos tenues sexy, alors?
T'ai toujours adoré les bikinis. A 6 ans, je m'amusais déjà à poser sur la plage comme Marilyn Monroe, mon idole. Si je me suis habillée de façon plus stricte à mes débuts, c'était pour attirer l'attention sur ma voix, pas sur mon nombril. Mon ex-mari, le patron de Sony, me poussait même à mettre des cols roulés. Dès Butterfly, en 1997, divorcée, j'ai retrouvé mon vrai look.
Il y a quelques années, vous souhaitiez fonder une famille
Je n'ai pas encore trouvé le père de mes enfants. Je me suis séparée de Luis Miguel après trois ans d'une belle histoire. Depuis toujours, je me protège des relations futiles. Mon problème, c'est que l'adore séduire et, après, je ne comprends pas pourquoi les hommes ne veulent pas être juste mes amis! Qui sait, peut-être rencontrerai-je un gentil Français à Paris pour Star Academy…