Elle a vendu plus de 115 millions d'albums dans le mon-de: c'est le record des années 90. Mariah Carey, 30 ans, fille d'une chanteuse lyrique d'origine irlandaise et d'un Vénézuélien métis, se révèle une artiste accomplie. Elle écrit ses textes, compose sa musique, s'auto-produit et collabore avec des rappeurs purs et durs. Depuis qu'elle a divorcé de Tommy Mottola, grand patron de Sony, la “Barbie Soul” laisse parler sa fantaisie.
Votre mère, elle-même chanteuse, mais sans succès, vous a-t-elle encouragée à choisir cette voie?
Elle ne m'a jamais dissuadée, ni poussée vers l'opéra qui était sa spécialité. Si ma mère n'a pas eu beaucoup de succès, ce n'est pas de sa faute. Elle a divorcé lorsque j'avais 3 ans et a dû élever seule trois enfants, ce qui a torpillé sa carrière.
Quand j'étais petite, elle m'emmenait dans des clubs de jazz chanter avec des copains musiciens. Elle me répétait: “Ne dis jamais ‘si” je réussis mais ‘quand’ je réussirai. Ne doute jamais de toi.” Cela peut paraître arrogant mais ça a marché.
Comment avez-vous débuté?
J'ai grandi dans un quartier difficile, où être la fille d'une union mixte était mal vu. Seule ma voix avait quelque chose d'original et j'ai tout fait pour cultiver cette spécificité. J'ai commencé à travailler comme choriste à 13 ans. En entendant les morceaux sur lesquels je chantais, je me disais: “Je suis au moins capable de créer de telles compositions.” En écoutant une chanson à la radio, je devinais les enchaînements qui allaient suivre. A 14 ans, je ne comprenais pas pourquoi je n'avais pas encore de contrat avec une maison de disques. Mon frère, entraîneur fitness pour des stars comme Billy Idol, me présentait quand il le pouvait. “Elle est trop jeune,” disait-on. Cela me rendait folle mais m'a donné envie de continuer.
Brenda K Starr, vedette dans les années 80, vous a beaucoup aidée en vous présentant par exemple Tommy Mottola, le patron de Sony. Aujourd'hui, elle est oubliée. Éprouvez-vous de la culpabilité?
Dans le show-business, quand une petite jeune arrive, la star ne va rien entreprendre pour l'aider. Brenda a fait le contraire. Elle me traitait comme une soeur, me poussait en avant alors qu'elle était en pleine ascension. Mais le succès est versatile. Elle croyait en moi, de quoi pourrait-elle m'en vouloir aujourd'hui?
Avant d'épouser Tommy Mottola, aviez-vous eu des aventures?
Non. Dans mon quartier, j'ai vu beaucoup de filles tomber enceintes à 16 ans, comme ma sœur, et je craignais que cela m'arrive. Avoir un enfant m'aurait empêchée de réaliser mon rêve. J'aimais aller à l'école avec des tenues sexy mais, des qu'on abordait les choses sérieuses, je disais non.
Depuis votre divorce, la presse vous a fiancée avec tout le monde, de Leonardo DiCaprio à Kevin Costner…
Dans ma vie, j'ai aimé Tommy Mottola et Luis Miguel, le crooner latino. On m'a fiancée à Puft Daddy, à tort. Quant à Leonardo DiCaprio, c'est ridicule.
Dans All That Glitters, vous allez interpréter une musicienne d'un groupe rock des années 80. Vous vous lancez dans le cinéma par lassitude de la chanson?
Même si c'est un peu prétentieux, je suis persuadée d'avoir un don. Je pense aussi que le cinéma va me libérer d'un poids: on peut davantage tricher qu'avec la musique, me semble-t-il, mais aussi exprimer davantage de sentiments. C'est très thérapeutique comme démarche.
Etes-vous amie avec des stars comme Madonna ou Céline Dion?
Je préfère les rappeurs aux chanteurs. Je me lie d'amitié avec les gens qui travaillent avec moi. C'est une question d'emploi du temps: comment pourrions-nous être liées, Céline Dion et moi, avec la vie que nous menons?
Aujourd'hui, avec qui aimeriez-vous collaborer?
J'ai rencontré Prince et il y a un projet dans l'air. J'aimerais aussi travailler avec Michael Jackson.